Orbe de Xaraz
LE DONJON DE NAHEULBEUK - L’ORBE DE XARAZ
Après la Couette de l’Oubli, John Lang, alias Pen of Chaos, nous propose la suite de aventures de son équipe de bras cassés.
Quelques mois seulement après la sortie en librairie de La couette de l’oubli, premier opus des aventures littéraires du donjon de Naheulbeuk (désormais décliné au format de poche), John Lang nous propose une suite aux pérégrinations chaotiques de sa bande de traînes patins.
Et si on faisait une quête pour passer le temps ?
Le livre, sobrement intitulé L’orbe de Xaraz, nous dépeint les aventures de notre bande hétéroclite préférée dans sa nouvelle quête : voler un artéfact légendaire, l’orbe de Xaraz ! Vous vous en doutez, tout ne va pas se passer comme prévu.
Exprimé ainsi, la trame du livre semble plus que sommaire, voir simpliste et n’offre que peu d’intérêt. Apres avoir lu ces nouvelles aventures on s’aperçoit que la réalité est encore plus sombre ! Autant La couette de l’oubli poursuivait agréablement les péripéties de la compagnie sans nom, autant l’orbe de Xaraz poursuit… rien du tout !!
Pour ne rien vous cacher, l’intrigue en elle-même peine à démarrer et encore, assez laborieusement. Vers le milieu du livre seulement les aventuriers ont un objectif claire ( il était temps). Donnée sous la forme d’un appel du pied très maladroit par une femme mystérieuse dans une taverne, leur mission est donc d’une affligeante banalité.
Dans ce second volume la trame narrative est tout autant absente que la plus élémentaire mise en relief scénaristique. Ici, l’intrigue avance à grand renfort de Deus ex machina. Malheureusement, le thème du livre est digne d’un one shot de donjons et dragons au scénario improvisé au fur et à mesure lors d’une soirée beuverie entre amis.
L’histoire, bancale, sans saveur voire, par moment, navrante peut réussir à décevoir de nombreux fans de la première heure. Reste la joie de retrouver des personnages attachants : erreur car même là P.O.C ne fournit pas d’effort. Pire, l’auteur semble vouloir faire évoluer de force les relations entre ses personnages. Par exemple, le nain après seulement deux semaines de route avec l’elfe, en dépit de millénaires de haines apprises, ataviques et entretenues durant le voyage, se découvre une profonde affection pour celle-ci ! Que de précipitation, que de gâchis !
Présenté comme une saison quatre, L’orbe de Xaraz est en fait une amorce maladroite au prochain livre dont seuls les deux derniers chapitres sont réellement intéressants. Dommage car le retour de Xandar est une nouvelle alléchante pour l’amateur de l’œuvre de Pen of chaos. En somme, ces aventures manquent cruellement de profondeur, ce qui est pardonnable pour une saga mp3 gratuite. Quoi ?? Le livre coûte vingt euros ?! Ben merde alors !
Le roman du néant
Le livre de Lang se lit toujours relativement facilement mais son style s’affirme par des pesanteurs insoutenables. Parmi celles-ci, la surexploitation d’effets humoristiques lourds à force de répétition. Ainsi, tous les personnages se jettent sans arrêt (après chaque dialogue en fait) des regards ‘’venimeux’’, ‘’mauvais’’ etc… Lang semble ne pas avoir compris que le livre était dépourvu d’effets sonores.
En outre, l’utilisation d’un vocabulaire de bac à sable est extrêmement gênante. De nombreuses phrases sont construites sur ce modèle : « vous êtes méchant ! » dit alors la jolie et gentille elfe au méchant sorcier qui lui jeta un regard mauvais.
Dans la critique du précédent opus nous avions déjà affirmé que l’usage des ‘’bulletins cérébraux ‘’ pouvait être une bonne idée, pour peu que le protagoniste ait un avis ou que les plaisanteries lourdes en soient bannies. Première nouvelle, dans l’orbe de Xaraz, les bulletins cérébraux sont encore plus nombreux (un toutes les quatre pages) et cette fois-ci, totalement dispensables.
En effet, comme rien ne se passe dans le livre, les personnages ne peuvent réfléchir à des choses intéressantes. Restent les plaisanteries faciles, les résumés de l’action précédente et les réflexions sans intérêts. Omniprésents (plus de 70 dans le livre), sans intérêt, les bulletins cérébraux réussissent également le prodige d’être de plus en plus longs parfois jusqu’à devenir insupportables à lire.
De ce point de vu John Lang à parfaitement illustré le slogan (de toilette, ça ne mange pas de pain) : écrire plus pour en dire moins. Du fait de sa construction maladroite le livre s’essouffle souvent, tandis ce que la mise en scène pesante permet aux blagues les plus inspirées de tomber à plat.
Bonus de fin de lecture :
Comme dans le volume précédent, L’auteur nous propose un certain nombre d’appendices, sous formes de cartes, dessins, textes annexes ! Les annexes écrites sont amusantes à défaut d’êtres utiles. Les listes de sorts, définitions et autres rapports d’incidents achèvent de donner une cohérence à l’univers imaginé par Lang.
Trois cartes sont présentes : la traditionnelle carte de la terre de Fang, celle de la cité de Glarg et celle de la cité de Waldorg. Rien à dire sur la première. Par contre les deux autres sont plus aisément critiquables. De très bonne facture, ces plans urbains sont parfaitement inutiles. Ils sont exempts d’annotations (ou presque) et ne semble avoir d’autre but que de montrer que Waldorg est ordonnée tandis que Glarg est anarchique. Redondant dans la mesure où la magicienne l’affirme textuellement. Deux cartes qui doivent avoir pour objectif inavoué d’augmenter artificiellement le nombre de pages du livre.
L’orbe de Xaraz est, comme son prédécesseur, illustré par Marion Poinsot, l’auteur de la très fade bande-dessinée du Donjon de Naheulbeuk. Si la couverture est agréable, les illustrations intérieures semblent réalisées à la va vite et donnent l’impression d’avoir été dessinées par un amateur (et je m’y connais en dessin d’amateur !).
Au final…rien
Un livre médiocre même pour les fans les plus acharnés du donjon de Naheulbeuk. Pen of Chaos déclare sur son site qu’il a besoin de six mois pour écrire un volume des aventures de sa compagnie fétiche… peut être qu’en en prenant deux ou trois de plus il aurait le temps de penser à une intrigue et de se relire. Ou alors en écrivant plus de deux heures par semaines…
La critique est amère mais bien moins que ma déception !
NOTE : 08/20 moins un point pour la déception (… 10/20 pour les acharnés)