Le symbole perdu
Le symbole perdu - Dan Brown
Paru en novembre 2009, Le Symbole Perdu de continu sur la lancée des autres ouvrages de l’auteur. Mais que vaut donc ce nouvel opus des aventures de Robert Langdon ?
Je souhaite clarifier un point d’entrée de jeu: oui, j’ai lu ce livre, ainsi que le Da Vinci Code et Anges & Démons. Je ne suis pas à proprement parler un « fan » de cet auteur mais j’ai dévoré ses livres : ils sont pour moi comme un bon film de Schwarzy, on sait qu’ils ne seront jamais étudiés à l’université mais on s’éclate à les lire.
Et pourtant je suis franchement déçu de cette dernière livraison. Bien sûr ce n’est pas très bien écrit, tout comme l’étaient les autres, la stylistique n’étant pas le fort de Brown. Robert Langdon ? Toujours aussi téléphoné et prévisible dans ce rôle mythique du fier quadra-quinqua super-intelligent, phobique, vieux beau, séducteur de minettes sans en avoir l’air, le portrait craché de Dan himself j’imagine. C’est un genre de deal tacite entre l’auteur et ses lecteurs.
Pourquoi lire ces bouquins me direz-vous, au style ampoulé et aux personnages caricaturaux ? Excellente question. La réponse est moins évidente. Pour moi Brown est une sorte de magicien, car malgré ces défauts aussi voyants il a réussi, surtout dans le Da Vinci Code, à nous embarquer dans une histoire rocambolesque, passionnante et haletante, qui a la particularité de se dérouler en l’espace d’une seule nuit. Une sorte de Ludlum de seconde division, qui joue avec tout ce que les américains adorent : la conspiration, les mythes et les sociétés secrètes.
Les francs-maçons contre-attaquent
Pour cet opus il s’agit ni plus ni moins des francs-maçons, dans la pure tradition transatlantique, c’est à dire Washington et les Pères Fondateurs. Bref rappel: oui certains de ces hommes étaient maçons, tels Georges Washington ou Benjamin Franklin, et l’urbaniste français qui a conçu le plan du centre de la ville, Pierre Charles L’Enfant. Lorsque la ville a été conçue il est vrai qu’un certain nombre de symboles maçonniques ont été dispersés un peu partout, et il n’en fallait pas plus pour générer au sein de ce peuple crédule et avide de théories conspirationnistes (oui c’est un barbarisme je sais) toute une longue série de films, livres, études sérieuses et séries télévisées sur le sujet.
Le Symbole Perdu ne déroge pas vraiment à la règle mais dans un premier temps ne tombe dans aucun poncif délirant, et au contraire suit le point de vue rafraichissant d’un observateur incrédule à qui il faudrait expliquer tout le toutim sans trop être parano, sous peine de provoquer son hilarité. C’est le postulat de Brown, de cette même façon il démarre ses livres: faisant semblant d’être comme nous, un vrai bon cartésien (attention aux Etats-Unis c’est une insulte), qui au fur et à mesure du bouquin découvre que toutes ces théories sont vraies mais d’une façon plus subtile, moins grossière. Le Graal existe, les Illuminati ont infiltré le Vatican, et les plus grands politiciens américains sont des maçons. C’est là que le bât blesse.
Trop mystique pour être honnête
Ce que j’ai aimé dans les deux autres livres c’est que justement, on découvrait que finalement ces pseudos-vérités n’avaient qu’assez peu d’importance, que le monde tournait très bien avec ou sans elles, ce qui pour moi était une métaphore des écrits de Brown. Oui vous ne rêvez pas, l’auteur inclut dans ses oeuvres une métaphore de son propre travail, dont le sens est à peu de choses près le suivant: Vous croyez trouver ici un truc qui va changer le monde/votre vie ? Eh bien non, il s’agit juste d’une leçon de morale/un bon bouquin. C’est très clair dans le Da Vinci Code notamment.
Mais pas dans Le Symbole Perdu, où toute l’histoire est très premier degré. J’ai eu beau chercher un deuxième sens de lecture je n’en ai trouvé aucun, et ce qui faisait l’intérêt des autres bouquins à disparu. Du coup on se retrouve surtout avec les défauts d’écriture, qui deviennent plus criants en l’absence d’une histoire vraiment prenante. C’est pourquoi autant je vous conseille la lecture du Da Vinci Code, autant vous pouvez passer sur celui-ci. Bien sûr vous apprendrez beaucoup de choses passionnantes concernant les maçons mais moins sur Washington, Brown n’entrant malheureusement que peu dans les détails, préférant consacrer des pages et des pages à des flashbacks inintéressants sur la vie des différents protagonistes. Dommage.
Si comme moi vous avez beaucoup de mal avec le mysticisme béat dont font souvent preuve les Américains, si comme moi quand vous lisez 25 fois le mot Dieu en l’espace d’une dizaine de pages ça ne vous donne qu’une envie, fermer le livre, et si comme moi, enfin, les longs méandres ennuyeux de la prose « brownienne » dans ses plus mauvais moments ne vous font qu’un effet soporifique, rendez-vous un bon service et passez votre chemin.
Note: 03/20