Indiana Jones
Indiana Jones : la mort d’un mythe
Presque vingt ans après “La dernière croisade”, ils ont osé. Indiana Jones fait un retour fulgurant…pendant 15 minutes. Au final, le verdict est sans appel : Georges Lucas et Steven Spielberg sont reconnus coupables du meurtre de Henry “Indiana” Jones Jr avec préméditation.
Les yeux sont grands ouverts, la mâchoire est décrochée, la langue pend et de petits frissons traversent tout le corps. Non, ce n’est pas le début d’un roman érotico-parisiano-mondain, mais bien la réaction de tout spectateur aimant le personnage d’Indiana Jones, devant la toute première bande-annonce du “Royaume du crâne de cristal”. Souvenez-vous : un chapeau à terre, une main le ramassant et cette petite musique qui retentit alors que le couvre-chef retrouve sa place sur son propriétaire. Indy est de retour…
Et puis, le film. Pendant 15 minutes, on y croit. Indiana Jones, comme à son habitude, commence son aventure dans une merde noire. Capturé, poursuivi, échappant de justesse à la mort. Un fouet par ici, une arche d’alliance par là, les clins d’oeil au public se multiplient. Soudain, une explosion nucléaire, comme pour nous rappeler à la dure réalité. Non, nous ne sommes pas dans les années 80 et Indiana Jones n’est pas de retour. Le personnage, le héros, le mythe vient de mourir dans cette explosion.
Alors, je sais, Indiana Jones ne meurt pas dans cette explosion et s’en sort grâce…à un frigo. Mais le résultat est le même. A partir de ce moment précis, ce “film”, si l’on peut encore le qualifier ainsi, détruit minute après minute, seconde après seconde, tout l’univers d’Indiana Jones.
Aucune intrigue digne de ce nom, un humour frôlant la débilité profonde et une suite de scènes d’action sans intérêt sont les caractéristiques de ce dernier volet de la saga. Pour couronner le tout, et comme pour bien signifier au spectateur au bord du suicide que la saga vient de subir les derniers outrages, on retrouve un Harrison Ford bourré à la testostérone et dont la musculature ressemble plus à celle de Rambo ou Terminator qu’à celle de notre bon vieux docteur Jones.
Les différents clins d’oeil aux fans n’y font rien. Au contraire, on se demande si, finalement, ils ne sont pas là pour justifier l’utilisation du nom Indiana Jones. Car, il faut bien le dire, on a plutôt l’impression de se retrouver face à un Benjamin Gates ou un Tomb Raider. Enlevez la musique, le chapeau et le fouet, et on y est.
Pour finir (puisqu’il le faut, en sachant que nous pourrions continuer à démonter cette chose pendant des heures), cette licence qui aurait du donner naissance à un très bon film d’aventure se démarquant des dernières productions du genre, se contente de réutiliser encore et encore les codes de ces films reconnus comme de pauvres ersatz d’Indiana Jones. Plutôt ironique, non ? Quoique désespérant serait plus approprié en fin de compte.
Nous entendons déjà les voix de ces quelques personnes devant leur écran pestant contre nous. Car oui, il y en a qui ont aimé “Benjamin Croft et le Royaume du crâne de cristal” (nous refusons de coller le nom d’Indiana Jones à ce titre). Alors, pour ceux qui se demandent encore ce qui fait d’un Indiana Jones, un Indiana Jones, suivez-nous.