L’Homme doré
L’homme doré – Philip K. Dick
Publié pour la première fois en 1954, L’homme doré est l’une des “premières” nouvelles de Philip K. Dick qui commence à publier en 1952.
Avec pas moins de 121 nouvelles de science-fiction entre 1952 et 1981, Philip K. Dick a certainement été l’un des auteurs de SF les plus prolifiques. Mais une telle prolifération cache évidemment une grande inégalité entre toutes ces oeuvres.
Ecrivain passioné et dérangé, Philip K. Dick doit évidemment se nourrir, se loger mais aussi se droguer. Beaucoup de ses nouvelles ont donc une vocation avant tout alimentaire. Mais même si toutes ses nouvelles ne sont pas des chefs-d’oeuvres d’inventivité, beaucoup restent très intéressantes à lire. Et c’est bien le cas de l’homme doré.
Petit rappel sur notre futur. Dans cette nouvelle, certains humains donnent naissance à des mutants plus ou moins évolués. La cause de ces mutations n’est ni chimique, ni nucléaire mais entièrement naturel. L’évolution de l’espèce suit son court, et la nature semble faire des expériences. Ainsi, on voit apparaitre des hommes avec des ailes membraneuses, des enfants a tête d’insecte, des humains télépathes… Mais les dirigeants humains ne sont pas décidé à accepter la fin de l’espèce humaine et mettent en place une police spécialisée (l’ACD) dans la capture et l’euthanasie de ces nouvelles évolutions.
C’est dans ce contexte que la famille Johnson cache son ainé, Cris, un jeune homme de 18 ans. Ce dernier, un homme à la perfection digne d’une statue grecque et à la peau doré, semble vivre dans son monde et ne semble être que rarement conscient de son environnement. Il ne communique jamais avec son entourage et fuit parfois des jours entiers dans la nature. La petite famille s’en contente et coule des jours heureux jusqu’aux jour où l’ACD débarque dans la ferme familiale.
Le dieu qui court
Soyons clair dès le début, L’homme doré fait partie de ces nouvelles divertissantes qui sont passionantes à lire mais qui ne vous transcende pas. Mais je ne boude pas mon plaisir à la lecture de cette nouvelle.
Une fois de plus, Philip K. Dick ne brille pas par son style littéraire et je ne m’attarderai d’ailleurs pas dessus. C’est simple à lire, c’est efficace et on se laisse facilement prendre à l’histoire mais ça ne va pas plus loin.
En ce qui concerne l’histoire en elle-même, rien de très original dans son principe. Des mutants traqué par des humains…peut-être original dans les années 50 mais sans plus. Pöurtant, le personnage de l’homme doré intrigue et passionne. Qui est-il donc ? Beau comme un dieu, fort et agile comme un félin, Cris semble au-dessus de tout aussi bien physiquement que mentalement. Bien que cette perfection force le respect de son entourage, l’absence complète de communication de sa part inquiète.
Et c’est bien sur ce mystère que K. Dick fonde la majeur partie de son histoire. On suit donc les membres de l’ACD qui tentent de percer le mystère de l’homme doré qui semble en mesure de voir l’avenir…mais j’en dis trop.
Pourtant, la nouvelle n’est pas qu’un simple divertissement et Dick tente tout de même de mener une réflexion autour de la peur irrationnelle de l’étranger. Ainsi, les humains cherchent à comprendre ce qui leur est inconnu non pas pour la science ou pour la cohabitation mais bien pour la destruction pure et simple en utilisant comme excuse la soi-disant survie de l’espèce. Sans fondement, cette peur de l’étranger mène donc à la répression.
Mais L’homme doré reste une nouvelle et de fait on peut ressentir une certaine frustration lorsque l’on referme le recueil. Les personnages restent très superficiels, l’univers imaginé est à peine effleuré et la réflexion à peine lancée. De fait, on sent bien que K. Dick avait une idée intéressante mais qu’il ne développe pas soit par manque de temps, il fallait qu’il vende un maximum d’oeuvre pour vivre, soit par manque d’imagination.
Un animal parfaitement adapté
L’homme doré n’est donc pas une nouvelle majeure dans la bibliographie de Philip K. Dick mais reste une oeuvre suffisamment bien pensée et intéressante pour mériter d’être lue. Une petite mention spéciale pour le dénouement qui nous explique clairement ce qu’est l’homme doré et qui nous prouve bien que K. Dick n’a rien laissé au hasard. Bien que d’autres nouvelles soient à privilégier lorsque l’on découvre K. Dick, je pense notamment à Rapport Minoritaire, l’homme doré intéressera ceux qui aiment l’auteur.
A noter qu’il existe un film inspiré très, mais très, librement de cette nouvelle et intitulé Next, sorti en 2007, avec Nicolas Cage et Jessica Biel…
Note : 12/20
Adaptation cinématographique : Next
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