Les deux tours
Les deux tours
Le film nous balance directement dans les collines rocailleuses de l’Emyn Muil accompagnés de Frodon et Sam et de leur nouvel ami, Gollum. Et là, le bât commence franchement à blesser : autant j’applaudis la performance technique que représente le personnage de Sméagol, et la prestation d’Andy Sirkis, tout aussi convaincante, autant ses dialogues, son rôle et la façon dont il a été adapté ne sont pas de grande qualité.
Pour rendre la créature plus accessible et compréhensible au public américain ils en ont fait une caricature grossière de schizophrène infantile, un garnement d’un côté, et un pétochard mou de l’autre.
Mettons-nous d’accord : évidemment, tombé sous le pouvoir de l’anneau Sméagol est un être déchiré, torturé et abject, et aussi une victime, j’en suis conscient. Mais il se parle à lui-même, il n’y a pas deux lui-mêmes qui se parlent. C’est un être perfide et monomaniaque qui, à certains moments, montre d’étranges signes de compassion, et pas cet espèce de Double-Face simpliste. Et quel besoin était-il de l’affubler de cette voix ridicule?
Un exemple parmi d’autres des grosses déceptions de ce film. En fait les deux vrais points noirs sont les suivants : dans un premier temps la caricature de certains personnages devient plus évidente voire gênante, Legolas et Gimli étant les meilleures exemples. La plupart de leurs phrases sont tirées du bouquin mais sorties de leur contexte et mal placées dans le film, ça sonne creux.
Ensuite, certaines libertés scénaristiques sont prises et là on se fâche vraiment avec Peter. Je comprends très bien le besoin de couper certains éléments moins utiles du livre (Bombadil, les Galgals), mais pourquoi en rajouter ? Tout le passage sur la prétendue mort d’Aragorn est une triste perte de temps. Bien sûr, voir des images du futur d’Arwen, avec une explication d’Elrond directement tirée des appendices (encore une « spéciale fans hardcore »), c’est un moment bouleversant.
Mais était-on obligé de simuler l’agonie d’Aragorn pour cela ? Et Osgiliath ? Suis-je le seul à trouver cette scène profondément ridicule ? Déjà le simple fait que Frodon et Sam y soient emmenés est une hérésie, mais en plus ce passage grandiloquant où Frodon, dans une envie de suicide se met sous le nez du Nazgul et lui pose quasiment l’anneau sur les narines, sans que cela occasionne la moindre réaction de la part du Ringwraith, est complètement bidon, irréaliste et débile. On aurait pu s’en passer.
Vous l’aurez compris, Les Deux Tours est avant tout un film d’action/fantasy de très bonne facture, avec des scènes de bataille à couper le souffle et quelques grands moment épiques mais on a un peu perdu l’esprit Tolkien entre-temps. Bien sûr, les Ents sont là et réussis, et une mention spéciale au tout début du film, le combat Gandalf/Balrog, un très grand moment. Les Rohirrims, que nous découvrons tout au long du film, sont charismatiques et fiers, d’Eomer à Eowyn en passant par Théoden, rien ne manque.
Mais l’impression d’ensemble laissée par le film est celle d’une déception, le goût un peu amer du gâchis nous reste en bouche malheureusement. A noter néanmoins que la version longue rattrape nettement le film. Autant pour le premier c’était plutôt du bonus pour les fans, autant là je dirais que la version longue est carrément essentielle, elle rend le film plus complet, moins creux et vide que la version courte.
Note du film: 14/20
Critiques de films en rapport :