Le retour du roi

Le retour du roi

retour du roiUn constat se confirme avec le Retour du Roi. Dans l’ensemble, les reproches faits aux Deux Tours peuvent être faits également au Retour du Roi.

Les mêmes personnages un peu creux, les même répliques légèrement foireuses, quelques menus détails dans un océan de point positifs cette fois-ci. Défaut majeur du Retour du Roi ? Le manque de temps. Dans la version courte, les évènements se précipitent dans la dernière partie du film, une réalisation hachée, alors qu’au contraire, dans le livre, Tolkien prend son temps pour clore ce conte homérique.

Mais la version longue est là pour rattraper tout ça (même si ce sentiment ne disparaît pas complètement). Les scènes ajoutées sont carrément dantesques ! Je prends pour exemple le combat Gandalf/Roi-Sorcier, où le vieux magicien est sur le point de se faire rosser mais sauvé in-extremis par l’arrivée du Rohan, où cette fois c’est au tour du Roi-Sorcier de se faire démonter d’une manière légèrement caricaturale par Eowyn (« I am no man! ») et Merry.

Toute la bataille à Minas Tirith est exceptionnelle : les Nazguls, une des grandes réussites du film, sont terrifiants et leurs cris fichent vraiment les jetons; terribles Oliphants, dont Legolas ne fait qu’une magistrale bouchée; et bien évidemment, la chevauchée des Rohirrim, un pur moment de bonheur. Seule déception l’arrivée de l’Armée des Morts (encore une invention de Jackson, avec Tolkien les morts ne servaient qu’à capturer des bateaux et couper les renforts de Sauron), solution un peu « facile » pour se sortir de ce guêpier.

Comme d’habitude les passages inutiles et strictement bonus du bouquin manquent. C’est un peu dommage parce que c’était tout ce qui faisait son sel, mais encore une fois, on ne peut pas en vouloir à Jackson d’avoir coupé les Hommes des Bois (!). Seul regret dans ce film, et à la fois grande satisfaction : la fin finale.

Je m’explique : c’est une particularité de Tolkien de commencer et de finir son lai monolithique par des images de bonheur simple et intime, sans aucune connexion avec quelque histoire politico-fin du monde que ce soit. On commence avec l’anniversaire de Bilbon, et on termine avec Sam prenant sa fille dans ses bras.

Et tout le livre est basé sur ce point : crescendo, avec les Hobbits on se rend compte que le monde qui les entoure est de plus en plus en plus dangereux, jusqu’au paroxysme Porte Noire/Montagne du Destin, puis decrescendo, on rentre dans la Comté pour réaliser que les gens du coin se fichent royalement de Sauron et des milliers d’orques, la seule chose qui les intéresse ce sont les deux cents brigands qui les emmerdent depuis quelques mois.

Et c’est là la beauté du livre, tout est relatif et à aucun moment Tolkien ne traite de ces gens avec condescendance. Le nettoyage de la Comté occulté dans le film (dommage…), et la Communauté commençant par un prologue anxiogène, cet effet est un peu perdu dans le passage au cinéma, et c’est bien normal, ça aurait sûrement ennuyé les spectateurs.

Tout est là, ne pas emmerder les spectateurs. Je ne peux pas baisser les notes des films sur un argument pareil, car sans les millions de spectateurs (anticipés par la prod) l’ayant vu, il n’y aurait jamais eu de films. On ne va pas se plaindre non plus du monde dans lequel nous vivons, ce n’est pas le sujet. C’est un simple regret, un peu utopiste, d’un gars qui vit dans un monde où la sensation terriblement intérieur et intime du plaisir de lire un livre long et complet dépasse de très loin toute la pyrotechnie d’un grand spectacle cinématographique, et se partage beaucoup moins bien.

C’est le paradoxe d’une société où on nous pousse à partager encore plus, tout en abaissant la qualité du produit proposé. C’est l’espoir d’un lieu idéal, où des producteurs fans proposeront à un réal fan un budget illimité et vingt-cinq épisodes d ‘une heure trente pour conter la plus grande histoire jamais contée.

Note du film: 15/20

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