Communauté de l’anneau
La communauté de l’anneau
Le film propose, en intro, les quelques milliers d’années précédant le temps présent rapidement expliqués aux incultes. Evidemment, et c’est voulu, il y a un double effet : renseigner le nouveau-né, et provoquer une crise d’apoplexie chez le fan. En effet, les 5 premières minutes sont tellement bluffantes qu’on ne peut s’empêcher de retenir son souffle.
Meilleur exemple: la tentative, ô combien périlleuse, mais réussie, de donner forme à Sauron. Alléchante, déjà époustouflante niveau effets spéciaux, et on a également le plaisir de découvrir quelques personnages-clés de l’histoire, notamment Elrond, Isildur ou Bilbon.
Je crois vraiment qu’ils ont voulu mettre la barre très haut d’entrée, et c’est réussi. Honnêtement, ce film est le meilleur des trois sans aucun doute ! Le plus fidèle, le mieux ficelé, et il bénéficie de l’effet nouveauté, de l’émerveillement de voir Gandalf ou Cul-de-Sac pour la toute première fois.
Visuellement et graphiquement c’est une grosse claque : l’honneur fait au livre est grand, et la première demi-heure respecte fidèlement les premières dizaines de pages du bouquin hormis cette ellipse déjà évoquée. Les Hobbits sont légèrement caricaturaux dans leur environnement naturel, mais cessons de gloser sur ces détails, tout le reste n’est que pur émerveillement.
L’anniversaire de Bilbon, sa préparation, l’arrivée de Gandalf, le discours de Bilbon, sa disparition, le magicien de pacotille, les premières images de Minas Tirith, le retour de Gandalf, l’explication autour de l’Anneau, l’irruption de Sam, en un souffle, un battement de paupière, ce sont les meilleurs instants du film. Les plus fidèles, au point où les scénaristes ont carrément reproduit texto des phrases du livre (« Désséché, comme du beurre trop étalé sur une tartine » ou « Je ne connais pas aussi bien la moitié d’entre vous »), les plus magiques et sinistres à la fois, les plus tragiques en quelques sorte.
J’exagère, c’est vrai. Parce que dans quelques lignes je vais vous dire que tout le passage à Fondcombe est le meilleur moment du film, puis que c’est le Balrog en fait. Ou Saroumane. Impossible à dire, je peux vous dire ce qui est raté… Impossible également. Glorfindel manque un peu (dans le livre c’est lui qui va à la rencontre des Hobbits après le Mont Venteux), mais c’est pas plus mal qu’Arwen ait un rôle un peu plus développé. Et puis j’aime beaucoup Liv Tyler. Ce film est parfait un point c’est tout. J’aurais bien pris vingt minutes de plus et intégré Tom Bombadil mais c’est vrai qu’il n’a qu’un rôle accessoire, même dans le bouquin.
On découvre, après Fondcombe, la Communauté de l’Anneau. Hormis le moment bien kitsch où ils posent tous ensemble sur fond de trompettes wagnériennes, on a là une sacré équipe. Des joyeux drilles (Merry et Pippin), des sages (Gandalf et Aragorn), des guerriers (Boromir et Gimli), une minorité visible (Frodon & Sam), et le chouchou des ados, l’Adonis de la troupe, Legolas (les femmes plus mûres lui préfèreront Aragorn, un mélange de charisme, de douceur et de barbe de trois jours).
Mélange hétéroclite d’acteurs et de personnages mais ce qui marchait dans le bouquin marche dans le film : on est emballé ! Ils poursuivent leurs pérégrinations tandis que Peter Jackson poursuit son sans-faute, que Gandalf meurt et que Gimli tombe amoureux de Galadriel.
Arrive un des meilleurs moments de la trilogie : la capture des hobbits, la fuite de Frodon & Sam et la mort de Boromir. Toutes ces scènes, au bord du fleuve Anduin, sont d’abord magnifiques esthétiquement (les chutes du Rauros, mmmm), et puis surtout très bien filmées, haletantes, et enfin nos héros en chient. Jusque-là ils ont surtout été spectateurs, du Balrog à la Lorien, mais là ils sont en plein dedans, et ça fait du bien. Eux par contre, galèrent pas mal, comme le fait remarquer mon ami Selrach (« Beau bilan »), se coltinent les Ourouks de Saroumanes qui sont vraiment parfaits, musculeux, brutaux et terrifiants, et là c’est doucement le début de la fin, pour eux comme pour nous.
La fin de la Communauté de l’Anneau signifie aussi la fin de l’état de grâce de Jackson, celui où on lui a tout pardonné (c’était pas dur vu le quasi-sans-fautes), et les ennuis commencent. Mais avant cela, tel un chant du cygne, Jackson nous offre un de ses plus beaux moments, la mort de Boromir. Désolé à ceux qui trouvent ça ridicule mais moi je trouve ça classe, le fait qu’il se prenne trois flèches avant de s’écrouler, dans une ultime tentative pour se racheter.
Sean Bean a plusieurs scènes importantes mais voici les plus marquantes : Au milieu des neiges du Caradhras, il prend l’Anneau en main et tarde, sous la pression d’Aragorn, à le rendre à Frodon (Il prononce à ce moment la phrase emblématique du Seigneur des Anneaux, dont il est déjà l’auteur dans le livre, mais au moment de sa mort: « It is such a strange fate that we shall suffer so much doubt for so small a thing »); sa tentative de s’emparer de l’anneau est très émouvante, et son combat contre les Ourouks héroïque; enfin, sa mort dans les bras d’Aragorn, qui a refusé d’aller en Gondor avec lui, fait couler les larmes, littéralement. Un beau moment de bravoure et de fraternité virile, bref une scène qui fait pleurer tout le monde, une grande réussite.
C’est sur la promesse d’une chasse à l’orque endiablée que s’achève La Communauté de l’Anneau, mais malheureusement il va falloir s’armer de patience…
Note du film: 19/20
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