Running Man
Running Man – Peut mieux faire…
Sorti en 1988, Running Man, sous-titré la Course contre la mort, nous fait redécouvrir Arnold Schwarzenegger dans un magnifique pyjama moulant jaune et sous la direction de Starsky (moins connu sous le nom de Paul Michael Glaser).
Petit résumé rapide : En 2019, les Etats-Unis sont devenus un état totalitaire qui use et abuse de la télévision pour asservir des masses appauvries par différentes crises. Programme phare de cette télévision, Running Man permet au gouvernement de mettre en scène des condamnées à mort et de donner aux téléspectateurs leur dose de violence. Ben Richards, militaire ayant refusé d’obéir à un ordre direct, est condamné et forcé de participer à Running Man.
Avis de Silvermousq
La plupart des bons films de science-fiction des années 80 ont en commun l’impression qu’ils nous laissent: un léger goût d’inachevé, un sentiment de bricolage dont l’origine n’est pas à chercher bien loin.
Après avoir été copieusement abreuvés d’images 3D ultra-réalistes et d’effets spéciaux époustouflants depuis une bonne décennie, il nous est parfois difficile de revoir Total Recall pour la 15è fois, ou le premier Star Wars dans sa version originale: en effet, je vois presque le bras de George Lucas qui tient la maquette du X-Wing et ça c’est un peu déroutant.
Et pourtant, je n’hésiterai pas une seconde à vous asséner cet anathème, preuves à l’appui : de nos jours, Hollywood n’est plus foutu de sortir un bon film de SF. Mais un vrai, I Robot est sympa j’en conviens, et les épisodes 2 & 3 claquent fièrement faut l’avouer mais je me demande tout de même: où sont passés les scénaristes ? C’est sûr, les images sont belles, les acteurs sont beaux, mais tout ça reste très creux et insipide. Il nous manque finalement, ce charme un peu kitsch d’un bon vieux Cameron, et aucune actrice aussi bien maquillée soit-elle ne me fera plus fantasmer que Linda Hamilton essayant d’échapper à Conan. Ou presque (on reparlera de Brigitte Nielsen si vous le désirez).
C’est du côté des séries qu’il faut chercher l’inventivité, je prends pour exemple Battlestar Galactica: scénario bien ficelé, effets spéciaux limite faits au crayon mais acteurs qui se donnent. Et le résultat est là: quand tu as lancé le premier épisode c’est non-stop jusqu’au bout.
Malheureusement il semble que Running Man échappe à cette règle. Au départ, un bouquin, Running Man de Stephen King alias Richard Bachman. Et là c’est la claque monumentale car ce livre est un baril de poudre. Concis, nerveux, sanglant, il est à mi-chemin entre la diatribe anti-capitaliste et le divertissement hollywoodien, et le décor est grandiose.
Et c’est là que se joue ma première grosse déception. Effectivement, dans le bouquin Richards est lâché dans la nature, ce sont les Etats-Unis tout entiers qui le recherchent car la population est encouragée à la dénonciation. Enorme désillusion en voyant le hangar minable dans lequel les candidats sont lâchés dans le film.
Autre différence fondamentale: dans le livre, pour sauver sa gamine Richards se présente de lui-même au jeu, et c’est en constatant qu’il devient difficile à capturer que pour inciter la population à le balancer les organisateurs inventent de fausses histoires criminelles sur son compte. Dans le film Richards est un ancien militaire, et pour le munir d’avoir désobéi à un ordre le gouvernement le transforme médiatiquement en boucher et l’emprisonne. Avant même que le jeu ne commence il a déjà cette position de bouc émissaire, et surtout c’est un militaire aguerri, comme le prouve son évasion.
Tout le contraire du livre, où Richards est un anti-héros, un mec ordinaire, poussé par la cruauté latente du monde qui l’entoure à jouer le jeu, si j’ose dire. Et c’est là que, se heurtant à la vindicte populaire injuste et créée de toutes pièces par le gouvernement qu’il se transforme, non pas en rebelle ni en révolutionnaire mais bien en anarchiste, au sens chaotique du terme.
Dans ce sens il est un vrai héros, car il se sacrifie, il donne sa vie même si c’est une vie inutile et terne mais surtout il la donne pour rien, pour tuer un homme sans pouvoir vraiment décapiter le système. C’est là la vraie morale du livre, la force des dictateurs ne résidant ni dans la technologie qui les aide, ni dans l’armée ou l’argent qu’ils possèdent, mais bien dans la crédulité, le besoin d’être dominé et la lâcheté de la population en tant que groupe. Le film, lui, ne propose qu’action, aventure à sens unique.
Malgré tout, on passe un super moment, et je pense que ceux qui n’ont jamais lu le livre ont adoré. Bien sûr, on est loin de Soleil Vert, mais ce film reste assez sympatique.
Pour Arnie d’abord. Franchement il est bon, presque aussi bon que dans Terminator: il a peut-être 10 phrases de dialogue, il est tout en muscles, regard noir, confiant, sûr de son invicibilité, tout le contraire du Richards de King. On a le plaisir de le voir barbu, une vision unique dans sa carrière il me semble, et je dois avouer que ça lui va franchement bien. Les acteurs autour de lui sont malheureusement transparents, hormis Maria Conchita Alonso qui vaut le détour dans ses joggings moulants.
Deuxième bon point: l’ambiance générale. A défaut d’en faire le grand-oeuvre de SF que j’attendais, Glaser nous mitonne une image bien glauque, des spectateurs atrocement déchaînés, des terrains de jeux qui ressemblent à des catacombes, tout ça sur une musique dantesque, froidissime et industrielle signée Faltermeyer, également connu pour avoir sévit dans le Flic de Beverly Hills et Top Gun.
Reste un problème: tout est cousu de fil blanc. Aucune surprise, au bout de 3 minutes tu as pigé tout le film et à ce moment plus aucun de tes neurones n’est mobilisé jusqu’à la fin, tu peux brancher le pilote automatique. Est-ce vraiment un problème? Je pense que oui, je pense que ce n’est pas parce que 90% des films d’action sont faits sur ce modèle que ça veut dire que c’est un bon modèle. Bien sûr, il y a des exceptions, comme Terminator, mais elles ne font que confirmer la règle : quand y a un bon scénar, du genre Total Recall, le film est toujours meilleur.
Je comprends et je partage le plaisir qu’il y a à voir des films d’action de merde, mais c’est, et ce sera toujours, un plaisir supplémentaire d’avoir un vrai scénar, ou une réalisation léchée, ou des rebondissements surprenants. Eh oui, ça existe.
Note finale : 13/20
Avis de Selrach
Comme tout bon film des années 80 qui se respecte; le scénario de Running man est d’une extrême indigence. Un homme d’une grande probité est injustement accusé d’un massacre, et, condamné, il doit participer au Running man, un jeu de télé-réalité brutal.
Tout en tentant de prouver son innocence d’une main, Ben Richard (Arnold Schwarzenegger) doit, de l’autre, échapper à ses bourreaux. Dans ce jeu, les candidats sont des condamnés à mort qui peuvent gagner l’annulation des charges pesant contre eux. Enfin, plus facile à dire qu’à faire, les candidats doivent d’abord échapper à des traqueurs lancés à leurs trousses avec pour seule mission de les massacrer (sous l’œil complice de la camera). Typiquement le genre de film dont on connaît la fin dès le début du générique d’introduction.
Ce scénario d’une apparente nullité cache en fait une satire sociale plutôt bien vue sur le poids des médias et la compromission du pouvoir avec les magnas télévisuels. Ainsi, le jeu est réalisé en partenariat avec le ministère de la justice, dans le but avoué de contrôler les masses rendues indolentes (« Si le gouvernement les veut devant la télé plutôt que dans la rue… ». ). Le film dévoile peu à peu des trésors de cynisme, le jeu la course aux dollars, le contrat passé entre la chaîne et la victime (où cette dernière doit signer une close de renoncement de droits à la chaîne par l’entremise d’un agent artistique du ministère de la justice) sont autant d’attaques assez discrètes mais virulentes contre la mise en spectacle de la violence et de la justice. En outre, Running man montre les hommes comme ataviquement violents et pose un intéressant parallèle entre l’instinct grégaire et l’asservissement du groupe.
Sous le film d’action se cache une critique sociale, mais ne perdons pas de vue que la critique sociale est enrobée d’un film extrêmement bourrin. Ici, à l’inverse d’un Robocop ou l’action dissimule le propos, dans Running man la satire est prétexte à de belles scènes de mise à mort.
Certes, le film hurle son message à la face du spectateur mais il le fait par l’entremise de scènes musclées parfois très violentes (le tronçonnage de l’un des traqueurs, l’exécution sordide des candidats.).
Du point de vue de la réalisation, le film est efficace et brutal, la tonalité est sombre et les environnements de coursives et d’aires de combat donnent au film une atmosphère dérangeante et glauque. Entièrement baigné dans une lumière artificielle, l’ambiance est malsaine. L’aspect le plus intéressant de la trame narrative est sans doute la mise en parallèle de plans de traque pures et de séquences entièrement basées sur le déroulement du jeu du point de vu des spectateurs et du présentateur. Ainsi, tandis que les candidats et traqueurs tombent comme des mouches, les paris vont bon train et les spectateurs reçoivent des boites de jeu et autres lots. Le système est classique mais très efficace. La musique, inécoutable pour elle-même, souligne à la perfection l’action du film.
Film d’action assez violent et bien mené, Running Man se veut une critique sociale (un peu naïve) de la société américaine ayant perdu ses légendaires valeurs d’honnêteté et de droiture (ahahahahahah !). Sans doute pas le film du siècle, Running Man est un divertissement honnête qui se laisse agréablement regarder. Paradoxalement, son message sur la télévision corruptrice et son effet avilissant sur les masses est d’avantage d’actualité aujourd’hui alors que le film a vieilli.
Note finale : 13/20
Avis de Yvan
Le générique défile encore sur l’écran, petit rock gentillet des années 1980, et je suis déjà derrière mon clavier pour donner mon avis sur Running Man.
Voilà quelques années que je n’avais pas vu ce film et je me rend compte que, mis à part Arnie et le titre, ce film ne m’avait pas laissé un grand souvenir. Je veux dire par là que j’avais oublié énormément d’éléments dans le déroulement du film. Je sais enfin pourquoi j’avais oublié ces éléments : ils sont inexistants.
Le postulat de base est intéressant, classique mais intéressant. Une société totalitaire futuriste qui se sert de la télévision pour contrôler les masses et les abrutir ( mais est-ce vraiment de l’anticipation ? ).
Passé le postulat, et les 5 premières minutes du film, on entre dans un film d’action des années 1980 des plus simples. Le gentil Schwarzy est engagé de force dans le jeu Running Man et doit s’en sortir face aux méchants traqueurs. On obtient donc une suite de scènes de combats, bourrées de phrases “chocs” à la Schwarzy, avec du sang et des cris…
Nous sommes donc devant un film d’action tout ce qu’il y a de plus simple. La véritable question est : où est la satire qui semblait annoncée par le postulat de base ? En fait, elle passe rapidement à la trappe grâce à une vision particulièrement manichéenne des choses. On se retrouve donc simplement dans un combat entre le(s) gentil(s), victime(s) de complot, et les grands méchants sans coeur, avides de pouvoir et d’argent.
Alors oui, le film est cynique et sème par endroit des éléments de réflexion et de critique, mais l’aspect trop simpliste de l’ensemble pousse à oublier le message. La majorité des spectateurs va donc certainement prendre le film comme de la science-fiction bourrine sans essayer de faire un parallèle, pourtant judicieux, avec les programmes minables de télé-réalité que l’on nous sert. Et c’est bien là, à mon avis, que le bât blesse.
Au final, Running Man est un film relativement efficace dans la forme, qui a tout de même vieillie, mais qui sonne creux. Il se laisse regarder, mais aussi oublier, très facilement. En ce qui concerne la thématique, et le traitement de ce type de satire sociale, je préfère la vision d’un film français sorti 6 ans avant Running Man et intitulé “Le Prix du Danger”. Bien que nettement moins efficace sur la forme, ce dernier dérange par un point de vue moins tranché qui laisse le spectateur se faire sa propre idée.
Note finale : 11/20
P.S. : Après avoir lu la critique de Silvermousq, je me rend compte que le film français “Le prix du danger” semble plus proche du livre de Stephen King que Running Man.
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