Robocop
Robocop – Mélange de métal et de vitriol
Sorti en 1987, Robocop fait partie des films mythiques des années 1980 que tout le monde connait sans même l’avoir vu.
Devenu l’un des spécialistes des films d’action violents et/ou sulfureux (La chair et le sang, Total Recall, Basic Instinct…), Paul Verhoeven donne naissance, avec ce Robocop, à l’une des figures les plus emblématiques du film d’action des années 1980.
Petit résumé : ravagée par la criminalité, la ville de Détroit fait appel à des société privées pour soutenir les forces de police et créer de nouvelles armes. Pour être développée, l’une de ses armes a besoin d’un corps humain à l’article de la mort. L’officier Murphy, fraîchement muté dans l’un des quartiers les plus dangereux de Détroit, va servir de base à la nouvelle arme et devenir Robocop.
Avis de Yvan
Au même titre qu’un Terminator ou un Predator, Robocop fait partie de ces films qui ont un titre de nanard en puissance. En règle général, ce genre de titre nous amène à penser qu’il va falloir déconnecter le cerveau, sortir les chips et regarder des méchants se faire trucider à la chaîne par le gentil qui ne manque pas d’humour. Une sorte de Commando en somme (à voir pour ceux qui ne connaisent pas).
Dans un sens, c’est ce qu’offre Robocop. Notre boîte de conserve en inox poursuit les criminels sans état d’âme et dézingue à tour de bras (en respectant toujours la procédure cela dit…). Alors oui le sang gicle, mais bien. La mise en scène est bien sentie et les temps morts se font rares. Et que dire de la musique héroïque de Basil Poledouris (déjà responsable de la musique de Conan le Barbare) qui donne des frissons (à écouter sur la présentation de Steven Willis dans la partie Personnages de la saga MP3).
Mais réduire le film à des scènes d’action violentes serait faire preuve de peu de jugeotte ou simplement mentir (et c’est pas beau !). En fait, le film va bien plus loin en nous présentant les travers d’une société dans laquelle le profit est roi et où les entreprises privées ont droit de regard sur tout, même sur la police. Ainsi, le film est entrecoupé d’informations télévisées qui présentent aux spectateurs une vision tronquée , voire mensongère (et c’est pas beau !), de la réalité, et sont elles-mêmes coupées par des programmes plus débiles les uns que les autres.
Ce film s’impose donc comme un véritable pamphlet contre le libéralisme primaire avec un scénario plus prenant qu’il n’y parait au premier abord. Mais l’histoire s’intéresse aussi au personnage central en tant qu’être vivant plus tout à fait humain. Ainsi, on suit Murphy/Robocop dans la quête de sa vie passée et dans la recherche de son humanité perdue.
Au final, Robocop s’installe parmi les grands films des années 1980 en alliant habilement action, science-fiction et anticipation. Après tout, une société ultra-libérale où le profit et roi et qui voit le champs d’action des entreprises privées s’élargir de plus en plus, le tout accompagné par des médias de masse diffusant des programmes plus cons les uns que les autres, ça ne vous dit rien ?
Réfléchissez bien…
Note : 17/20
Avis de Silvermousq
Réalisé en 1987 par Paul Verhoeven (Total Recall, Show Girls), Robocop est une espèce de mélange entre une description assez sombre du cynisme d’une société sécuritaire, flirtant avec la dictature, et un film d’action à deux balles. Et entre les deux, mon cœur balance.
Ce n’est pas parce qu’un film est la représentation d’une société qui tend à la dystopie que c’est un gage de réussite. On a vu pas mal de pellicules nous présentant des mondes bien flippants, où l’être humain est génétiquement programmé (ou cloné) par exemple. Et même avec des acteurs écossais meilleurs en Kenobi ou des blondes décolorées très pulpeuses il arrive que le film soit bien, bien foireux. Mais, et c’est un grand mais, en dehors du fait que j’aime les blondes pulpeuse et les acteurs écossais, ce genre de trame scénaristique, même quand le résultat n’est pas bon, suffit à me faire passer un bon moment. C’est un peu le cas pour Robocop.
Ce film a malheureusement très mal vieilli. Les effets spéciaux sont franchement ridicules, et Robocop a l’air de tout sauf d’un cyborg issu d’une société futuriste. Là où Terminator avait la grande ingéniosité de présenter des machines sous forme d’androïdes, et donc jouées par des humains gardant toute leur crédibilité, Robocop tient plus de l’aspirateur ou du grille-pain qui décide du jour au lendemain de se mettre à la circulation. Et c’est gênant, force m’est de l’avouer, ça fait mal aux yeux.
Heureusement, la musique est géniale (comme souvent dans ces films), et le thème principal du film donne envie de le voir. Mais ce n’est sûrement pas un film que je reverrais tous les ans.
Un remake serait une assez bonne idée, d’ailleurs je crois que c’est dans les cartons. Mais il faudrait bien faire attention à ne pas trop l’orienter pure action, car l’idée et surtout le personnage de Murphy sont à creuser. En effet, Robocop c’est un peu une grande métaphore de l’esclavage, de l’eugénisme, et de la science au service de l’Etat. Lui-même ne se souvient pas de sa vie d’avant mais aux tréfonds de son cortex des images ressortent, créant de forts troubles.
Peut-on imaginer pouvoir détruire totalement toute trace d’incertitude lors de la création d’un être pensant ? C’est le mythe de Prométhée, déjà repris magistralement par Mary Shelley avec Frankenstein. Cette réflexion-là, le film n’en fait pas vraiment cadeau. Je ne sais même pas si les scénaristes y avaient pensé. Donc c’est au spectateur d’aller lui-même chercher un intérêt philosophique à Robocop, dont le véritable atout didactique ne se trouve pas dans l’acerbe critique de la cruauté des hommes, mais plutôt dans le rapide coup d’œil jeté à leur insondable psyché.
Note : 13/20
Avis de Selrach
Il existe une période bénie entre toute pour le cinéma d’action : les années 1980 ! De cette époque certains titres résonnent encore au panthéon de l’enfance : Rambo, Rocky, Terminator, l’Arme Fatale. Ahh, nostalgie pour les personnes nées à la fin des années 1970-début des années 1980 ! Combien d’entre nous ont imaginés longtemps ces films avant d’atteindre l’age de 12 ans et d’enfin les voir, le cœur palpitant ?
Parmi ces films cultes, le Robocop de P. Verhoeven occupe une place de choix. L’action se déroule dans un avenir proche, la ville de Détroit est en passe de devenir une mégapole de première importance sous le nom de Delta City. La cité est contrôlée par L’O.C.P., un cartel tout puissant mêlant affaires et politique et dont les dirigeants possèdent les services de la ville (école, police, soins.) et collaborent avec les truands. Face a la montée de la violence, le projet Robocop, un policier androïde froid et soumis à ses directives programmées, est le seul espoir.
La réalisation du film est impeccable et l’ambiance est décadente et violente à souhait. L’action y est menée tambour battant, servie par des images d’une crudité incroyable et une violence sans concession (la scène de l’exécution de l’agent Murphy et sa transformation en robot, la dissolution du bandit dans la cuve d’acide…). Seul regret, le film a un peu vieillit, sans toutefois être gênant à regarder.
Mais Robocop, en plus d’être un film d’action prenant et sans temps mort, est une satire sociale au vitriol : nul ne trouve grâce aux yeux de Verhoeven, ni les médias, vulgaires et voyeuristes, et leur rôle éminemment abrutissant pour les masses, ni les hommes politiques corrompues et usant de la peur à leurs fins et encore moins le milieu des affaires ne reculant devant aucune saloperie dans le but de s’enrichir.
Le personnage de Robocop lui-même est d’une troublante ambiguïté. Il symbolise la recherche de l’efficacité à tout pris et la soumission aux chefs (la directive 4 l’empêche de se rebeller contre les cadres de l’OCP, ses véritables maîtres) prisée par une société sécuritaire et déshumanisée. A l’autre bout du personnage, Robocop est une victime dont la vie a été brisée et qui recherche son humanité perdue dans la souffrance : une créature de Frankenstein !
Mêlant film d’action, d’anticipation et de science fiction, Robocop occupe une place à part dans les productions des années 1980. Première grosse production américaine de Verhoeven, il est le premier de ses films à offrir deux degrés de lecture à ce point distincts. Un grand film à redécouvrir d’urgence avant que le diabolique projet de remake pour 2010, forcément plus consensuel, ne le prive de son âme !
Note : 17/20