A scanner darkly
A scanner darkly – véritable mise en image
Sorti en 2005, A scanner darkly est l’adaptation du roman Substance mort de Philip K. Dick paru 30 ans plus tôt. Et il y a fort à parier que Dick n’aurait pas rejeté cette mise en image.
Auteur prolifique, Philip K. Dick est l’un des auteurs de science-fiction dont les oeuvres sont nombreuses à avoir été adaptées sur grand écran. Ces adaptations ne sont pas toujours de qualité. Certaines vont même jusqu’à trahir totalement l’oeuvre originelle. Mais qu’en est-il de ce Scanner Darkly qui va jusqu’à reprendre le titre original du roman ?
Petit rappel pour ceux qui ne connaissent ni le livre ni le film. Bob Arctor est un policier de la brigade des stupéfiant qui a infiltré un petit groupe de drogués. L’objectif de cette infiltration est de remonter une filière de la dernière drogue en vogue, la Substance M. Pour faire ses compte-rendu à son supérieur, Bob porte un complet brouillant intégralement son image et sa voix. De plus, pour éviter les éventuelles taupes, il prend le pseudo de Fred. Un jour, Hank, son supérieur, lui demande de surveiller Arctor de plus près. Ce dernier est soupçonné d’être une tête pensante du réseau.
Plus qu’une adaptation, un hommage
N’allons pas par quatre chemins pour cette critique. A scanner darkly est la meilleure adaptation d’une oeuvre de Philip K. Dick. Tellement fidèle à l’originale qu’elle ne semble pas issue d’Hollywood. Ici, la prise de risque est maximum. Pas de moralisation, pas d’épuration…on livre le propos tel qu’il est dans le roman, à quelques détails près.
Mais la prise de risque va plus loin puisque l’équipe décide d’utiliser un rendu d’image bien particulier. Ce dernier permet de passer tous les acteurs et les décors filmés avec un filtre qui va présenter une image proche de celle d’un dessin-animé pour adulte. Alors oui, techniquement ce n’est pas parfait. Mais cette technique permet de rendre au mieux le complet brouillé décrit par Dick ainsi que les délires des personnages drogués.
En ce qui concerne le film en lui-même, si on laisse de côté l’aspect adaptation et la technique, il est à l’image du livre…on adore ou on déteste. Le sujet et la façon dont il est traité pourra en rebuter plus d’un. Pourtant, la mise en scène et le jeu des acteurs sont d’un très bon niveau. Richard Linklater, le réalisateur, nous offre une mise en scène simple mais efficace. Hors de l’aspect technique, le tout est épuré pour renforcer le propos.
Niveau casting, on retrouve des noms plus que connu. Keanu Reeves, parfait en Bob Arctor, Winona Ryder, dans le rôle de la douce Donna, Robert Downey Jr, dans le rôle du taré James Barris, et j’en passe. Pas une seule fausse note n’est à signaler dans ces rôles pourtant difficile à jouer sans tomber dans le cliché.
Un seul bémol est à déplorer dans cette superbe adaptation. Les personnes qui n’ont pas lu le livre auront énormément de mal à suivre. En fait, il manque un élément essentiel qu’un film ne peut rendre que partiellement…la pensée. En effet, il manque ici les pensée de Bob Arctor omniprésentes dans le livre et qui permettent vraiment de suivre sa descente aux enfers. Ici, cela va un peu trop vite, et on ne comprend pas toujours ce qu’il se passe ou ce qu’il vient de se passer.
Difficile à saisir sans le roman
A scanner darkly est donc une incroyable mise en image du roman de Philip K. Dick. On peut regretter que le film ne fasse que 1h30, ce qui est un peu court pour restituer le propos, mais cela permet de conserver une dynamique. En fait, le film est ici une bonne raison de chercher à lire le livre.
Un peu comme un hommage qui cherche à remettre l’oeuvre su le devant de la scène pour nous pousser à remonter à la source. Rappelons tout de même que le film a été un échec commercial. Mais cela était à prévoir étant donné qu’il ne rentre dans aucune catégorie Hollywoodienne.
Ce film est donc à voir au moins une fois dans sa vie, ne serait-ce que pour l’expérience. Pour les fans du livre, allez-y les yeux fermés, c’est que du bonheur.
Note : 16/20 (note objective car en tant que film, il est difficile à suivre. En tant que mise en image, il mérite un 18/20)
Adaptation du roman : Substance mort
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