Blanche-Neige et les lance-missiles
Blanche-Neige et les lance-missiles
Sous ce titre des plus étranges, mais qui donne tout de suite le ton, se cache le premier tome de “Quand les dieux buvaient” de Catherine Dufour.
Notre enfance à tous est jalonnée de contes de fée avec leurs cortèges obligatoires de princesses, fées, dragons et magiciens, autant de personnages désormais familiers. Dans un style enlevé, Catherine Dufour nous présente un livre drôle et innovant dans la veine de Terry Pratchett.
Il était un foie…
Imaginez une terre plate, peuplée de chevaliers, de princesse, de fées et autres dryades, imaginez un enfer et un paradis en pleine guerre froide et un éther peuplé de créatures magiques (et parfois indicibles) ! Imaginez un purgatoire peuplé de spectres médiocres dans lequel Bill Guette fomente le projet dément de rendre Dieu et Diable alcooliques.
Tous ces personnages traditionnels sont passés à la moulinette de la folie douce de l’auteur : Les princesses en ont marre d’attendre leur prince dans des cabanes en bois au milieu d’une foret, les fées ras les ailes de l’ingratitude de leurs filleules et Dieu et Diable se pintent la gueule en attendant. Imaginez le chaos qui en résulte !
La saga de Catherine Dufour ne peut pas se résumer à une parodie de conte de fée : il s’agit d’une uchronie déjantée et sous acide !!
Si l’alcool m’était conté
Le livre se découpe en deux parties : Les grands alcooliques divins et L’ivresse des providers.
La première partie de l’œuvre se situe dans un monde ancien, une terre plate peuplée de créatures magiques et de personnages de contes de fée. Nous y suivrons les aventures de Aurore de Bois dormant, princesse fraîchement réveillée d’un sommeil centenaire au parler désuet.
A ses côtés, une Peau d’âne en mal de prince charmant, une petite Vareuse rouge, campagnarde habituée à subir les assauts inavouables d’un bûcheron, une fée, un ange avec un sexe (c’est important) et Jésus en personne vont tenter de survivre face aux efforts conjugués de l’ignoble tyran Blanche-Neige et du spectre Bille Guette.
Cette première partie de la saga est plaisante à lire, le style en est très agréable et les personnages savoureux. Certains chapitres sont à la fois hilarants et très bien vu (Le chevalier méthode). Dufour tire dans tous les sens et nos zygomatiques en redemandent.
La seconde partie du livre reste intéressante et gagne en originalité. Nous y trouvons des rôlistes, des spectres d’Internet et des fées toujours aussi folles. Tout ce petit monde va lutter contre la réincarnation de Bille Guette : Will Door !!! Toujours très bien écrite, cette partie du livre est drôle et décalée.
Plus originale dans ses thèmes, elle est malheureusement plus confuse et la prolifération de personnages peut parfois perdre le lecteur. Très inspirée du monde de l’informatique et de l’Internet pur et dur, elle ne peut être pleinement appréciée que par les geek et les no life. Dommage de ce point de vu là pour les autres qui n’y comprendront pas grand-chose et pourront même s’y ennuyer ferme.
Pratchett sous acide
Avec beaucoup d’humour, Catherine Dufour nous offre là un ouvrage de très bonne qualité, sorte de “Chronique du disque-monde” plus hexagonale et avec plus de drogues dans le sang. Les quelques défauts du livre sont à mettre sur le compte de l’enthousiasme de l’auteur, qui veut parfois trop explorer son univers, et sont donc facilement pardonnables.
Si Terry Pratchett n’a plus de secret pour vous, je vous encourage vivement à lire cette saga très rafraîchissante.
NOTE : 14/20